Noël: Le chant des cloches à Gütersloh
Marchés de Noël, couronnes de l'Avent, sapins, Père Noël dans les magasins, il y a assez de traditions partout en Allemagne. Mais Gütersloh peut se vanter de présenter un événement particulier autour de Noël: le « Nachtsanggeläut ». Ce nom est impossible à traduire, on pourrait dire « Le chant des cloches », qu'on écoute au pied de l'église du centre ville, chaque samedi soir dès le premier novembre jusqu'à fin janvier.
Normalement, le dimanche, le son des cloches est ressenti comme un bruit, un méli-mélo déclenché par un dispositif automatique. Mais le « Nachtsanggeläut » le samedi soir, c'est une mélodie rythmée vraiment comme un chant. Elle est produite par le travail des mains et des pieds du carillonneur. Celui-ci est monté en haut de la tour de l'église et est assis sur un chevalet. Il donne avec ses pieds, des coups sur les planches des pédales dont les bandes de l'assemblage font bouger les battants.
Foto: Ralf Steinecke: Nachtsanggeläut
Le carillonneur est si proche des cloches qu'il lui faut mettre des bouchons aux oreilles pour se protéger. Pendant l'hiver, il fait glacial là-haut mais il n'est pas nécessaire de mettre des vêtements supplémentaires parce que le travail est assez fatiguant pour ne pas avoir froid.
Des documents écrits prouvent que cette manière de faire chanter les cloches existe chez nous depuis 1790, mais sans doute c'est une tradition encore plus ancienne. Selon des légendes, c'était autour de l'an 1100 que l'évêque d'Osnabrück, alors qu'il voyageait, fut surpris par la nuit ; il s'égara, mettant ainsi sa vie en danger. Ce fut uniquement grâce au tintement des cloches d'une église qu'il retrouva son chemin. Pour prouver sa reconnaissance d'avoir été ainsi sauvé, il ordonna à toutes les églises de son diocèse de faire sonner les cloches le samedi soir pendant l'hiver.
On peut facilement accepter cette légende parce qu'il existe plusieurs versions similaires . Parfois, c'était la cloche d'un monastère qui sauva l'évêque. On parle aussi d'une habitude de sonner les cloches des églises dans les soirs sombres pour guider les gens sur leur route, sur terre, ou sur mer.
À l'époque, Gütersloh appartenait au diocèse d'Osnabrück, donc c'est bien possible que cette coutume persiste déjà depuis 900 ans. Aujourd'hui, ce n'est qu'à Gütersloh où l'on peut entendre ce chant des cloches.
Il y a un comité qui s'occupe de maintenir la tradition et qui cherche aussi des documents concernant des traditions similaires en Europe mais les rumeurs selon lesquelles de telles sonneries existeraient ailleurs n'ont jamais pu être vérifiées.
Maintenir les méthodes et les mélodies n'est pas facile. Il n'y a pas d' écrit. Le carillonneur joue par cœur et il faut pratiquer plusieurs années pour devenir parfait. Aujourd'hui il n'y a que deux personnes qui maîtrisent le chant des cloches et on cherche toujours des intéressés qui sont prêts à assumer cette tâche.
Si le début de ce chant des cloches n'est pas lié au temps de Noël, il fait quand même partie des événements qui nous préparent à Noël et qui créent une ambiance paisible et chaleureuse dans la ville.
Dans ce sens je souhaite un joyeux Noël et une bonne année 2014 à tous les lecteurs de ces textes.
(Je ne vous souhaite pas « Guten Rutsch », comme c'est l'habitude chez nous. La traduction textuelle de ces mots c'est « Bonne glissade », ce qui ne représente aucun vœu raisonnable en français. Ça sera le texte de janvier prochain qui va s'occuper de cette expression.)
Gütersloh, décembre 2013.
http://www.nachtsanggelaeut.de